Arrivée au village de Chao Thong

Publié le par Biniou

 

Le Mardi 18 mai :


Ce matin-là, je ne suis pas mécontent de quitter Bangkok pour la campagne thaï après ces quelques jours d’enfermement et un stress qui mine de rien est monté petit à petit. Je me réveille à l’hôtel, Simon est déjà parti au boulot après avoir petit déjeuner avec Ann aux aurores. Je me dirige vers le restaurant de l’hôtel histoire de profiter jusqu’au bout de ce classieux 3 étoiles gracieusement offert par Carrefour, et j’y découvre un petit dèj’ plutôt complet : saucisses, sushis, soupes épicées, etc…  de quoi prendre 3 repas ! Je déniche finalement quelques céréales et un peu de lait dans un coin, mais l’appétit n’y est pas, et bien que je ne m’en doute pas à ce moment là, il mettra 3 jours à revenir. Puis Ann m’accompagne au centre commercial le plus proche pour faire quelques courses de dernière minute, genre la crème solaire qui peut être utile (écran total ici) et nous prenons finalement un taxi direction Morchit Bus Station. Je me retrouve dans un grand hall avec une multitude de guichets alignés, de toutes les couleurs, en écriture thaï uniquement, et Ann m’est à nouveau d’une grande aide. Ticket en poche, je lui dit au revoir et me voilà lâché dans la nature, pour la première fois en solo depuis mon arrivée. Le bus pour Chaiyaphum est VIP, notion très courante ici, et je suis plutôt agréablement surpris de voir que je passerai mes 5h de voyage avec la clim et largement la place d’étendre mes jambes. Après le départ, une jeune fille type hôtesse de l’air nous apporte boissons et petits snacks tandis que la télé nous diffuse une émission thaï complètement délurée qui occasionne 2h de petits cris stridents dont je me serais bien passé. Prévoyant, je me suis acheté de quoi occuper ces longues heures : des livres de la collection Oxford Bookworms, les seuls bouquins en anglais que j’ai pu trouver. Malheureusement, après quelques lignes de « The Picture of Dorian Gray » je me rends compte qu’il s’agit d’une version réécrite pour débutants, et amplement raccourcie… Bref, 6h plus tard je débarque finalement à Chaiyaphum, petite ville de province du centre de la Thaïlande, où Oum de Volunthai vient me chercher pour m’emmener passer la soirée chez sa famile. Je communique comme je peux avec elle et son père, mais je ne peux me faire comprendre qu’avec des phrases très simples et l’accent thaï ne facilite pas les choses ! Evidemment, ces petits soucis de communication feront partie de mon quotidien pendant tout mon séjour, même avec les profs d’anglais avec lesquels l’accent sera même le principal obstacle à la compréhension. Leur maison me semble clean et bien équipée : des vraies toilettes, une douche ! Et je suis dans une chambre climatisée avec lit confortable : la transition est plutôt douce pour le moment. Avant d’aller me coucher, Oum me donne une feuille regroupant le vocabulaire thaï le plus important à connaître pour vivre en Thaïlande et également pour enseigner (stand up ! be quiet ! stop teasing your friend ! …). Autre fait important : elle m’a changé d’école le jour-même car la famille qui devait m’acceuillir dans la province de Nakhon Ratchasima ne voulait héberger que des filles ou des couples, la dame ayant une fille et ne voulant pas qu’il y ait de problèmes… j’apprends le lieu de ma nouvelle mutation : Province de Chaiyaphum, district de Phakdi Chumphon, village de Chao Thong, à 70 bornes à l’ouest de la ville de Chaiyaphum. Autrement dit en plein centre de la Thaïlande! Ma « professeur référente » doit venir me chercher le lendemain. Je me couche dans l’expectative.


Le Mercredi 19 mai :


Ma prof vient me chercher vers 14h, ce qui me laisse pas mal de temps pour bouquiner le Lonely Planet trouvé sur place. Je passe un bout de temps à chercher mon bled mais la région est trop paumée pour le guide. Le père m’apprend qu’ils ont annoncé aux informations l’attaque du camp des rouges par les militaires, ce jour-là marque une étape supplémentaire dans les évènements se déroulant à Bangkok, qui va vite être « à feu et à sang » lorsque les chemises rouges commenceront à incendier les centres commerciaux et les banques quelques heures plus tard. Désormais loin de l’agitation, tout cela me paraît moins réel… Dans l’après-midi arrivent donc non seulement ma prof mais aussi une autre prof d’anglais venue accompagner. Elles s’appellent Pii-Benz et Pii-Ray et ont respectivement 29 et 25 ans. « Pii » est la manière dont on appelle les amis/collègues légèrement plus âgés que soit. Elles débarquent à bord d’un énorme pick-up comme il y en a partout dans la région : sur la route de Chaiyaphum, presque toutes les voitures étaient effectivement des pick-up, quasi toutes des Toyota ou Isuzu. Je prends donc place et après quelques courses en ville nous partons pour Phakdi Chumphon. J’apprends entre autres que je ne suis pas le premier volontaire au village et que je serai logé dans une chambre proche de l’école. Mon prénom étant trop compliqué à prononcer pour les thaï, je m’appelle désormais Vins, ou « Kru Vins » comme m’appelleront les élèves (Kru signifie professeur). Arrivé au village, je ne vois pour l’instant que la rue principale, au bord de laquelle se trouvent ma chambre et l’école. Le village est en fait paumé dans la campagne, en plein milieu d’une grande vallée couverte de champs et de regroupement de maisonnettes, le plus souvent en bordure de routes plus ou moins grandes. La route de province que nous avons empruntée part de Chaiyaphum pour aller droit vers l’ouest à Nakon Sawaan, et elle traverse la vallée en passant par le village de Chao Thong et son école. Le calme n’est donc malheureusement pas toujours de la partie, bien que la route ne soit pas extrêmement fréquentée. Je découvre ma chambre : il s’agit d’une sorte de petit hangar, ou plutôt d’une maisonnette recouverte de tôle avec des portes-grillages coulissantes. La pièce principale est vaste, et est à moitié ouverte sur l’extérieur puisque même lorsque les portes sont fermées, les chats peuvent facilement y rentrer et sortir. Au fond il y a une chambre, dont les fenêtres sont recouvertes de grillage anti-insectes, avec un lit bien dur et une moustiquaire. Enfin, derrière la chambre se trouve la salle de bain : toilettes à la turque, réservoir d’eau, petite bassine et robinet en sont le seul mobilier. Eléments de confort tout de même, j’ai un frigo pour garder mes boissons fraîches (indispensable en fait puisque l’eau réchauffe en quelques minutes) et un ventilateur salvateur pour ne pas être constamment en sueur la nuit.


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Mes deux guides me proposent ensuite d’aller faire un tour à l’école. Il est 16 ou 17h, les cours sont finis mais j’y trouve encore des professeurs dans leurs lieux de vie, c’est-à-dire les 4-5 salles de prof qui constituent leurs bureaux et leurs salons. L’école est relativement grande (environ 700 élèves) car elle accueille les enfants de la ville voisine, capitale du district, la nommée Phakdi Chumphon. La « Phakdi Chumphon Wittaya School » est en fait une sorte de collège-lycée, les élèves y ont entre 12 et 18 ans et y effectue leur cycle secondaire.  Voici quelques vues de l’école et de ses environs.


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Après cette petite visite je reviens au village et je vais dire bonjour à la famille de Pii-Benz, qui habite juste à côté de chez moi. Je récupère également un vélo qui me permettra d’aller à l’école rapidement le matin. Sur les coups de 19h, Pii-Benz et Pii-Ray me proposent d’aller manger au restaurant, à 50m de ma chambre et après avoir évité la nuée d’énormes insectes bizarres emplissant les airs à la tombée de la nuit, nous entrons en salle VIP pour un diner thaï traditionnel : soupe épicée aux légumes et au poisson et khao pad (riz assaisonné). Je vais enfin retrouver ma chambre pour une bonne nuit de sommeil… ou pas. Pour une fois je n’arrête pas le récit là puisque je n’ai pas pu fermer l’œil cette première nuit. Accumulation du lit dur (avec des angles et des trous dans le matelas), des insectes qui me font un peu psychoter (comme une sorte d’énorme mante religieuse noire volante), des moustiques qui me chuchotent leurs douces mélodies à l’oreille, du Toké qui crie « Tokééé, tokééé ! » toute la nuit, des quelques voitures qui passent, et last but not least, des 35-40°C qui m’acculent… Il fallait s’y attendre, l’adaptation n’est pas évidente !


Le Jeudi 20 mai :


Légèrement fatigué de ma nuit, j’arrive à l’école à 8h, mon rendez-vous quotidien. Les élèves arrivent petit à petit (la plupart du temps en scooter, tout le monde en a un ici) et s’alignent dans la cour centrale en attendant le discours qui a lieu tout les matins pendant une demi-heure, où l’on aborde entre autres les valeurs de l’école et de l’éducation nationale et qui se termine par l’hymne de la Wittaya School. J’attends pendant ce temps sur le côté avec les professeurs, quant à la fin du speech on me demande de monter sur l’estrade pour prendre le micro et me présenter devant tous les élèves. Je baragouine les quelques mots de thaï que j’ai appris la veille, ce qui fait beaucoup rire les élèves,  j’enchaîne en anglais et je suis évidemment traduit par ma prof. L’objectif de cette première journée était principalement de faire les « Greetings », les présentations aux élèves pour qu’ils me considèrent à partir de ce moment comme un professeur à part entière. Le reste de la journée n’est pas très occupé car je n’ai pas encore de cours, mais j’ai mon petit bureau et un ordinateur disponible avec internet dans la salle des professeurs, ce qui est  bienvenu ! Ce n’est pas plus mal d’avoir du temps libre car je suis complètement endormi (encore plus que d’habitude), manque de sommeil oblige. Ma journée est malheureusement troublée par la traitresse Tourista qui sévit depuis mon arrivée au village et n’a aucune pitié envers moi, occasionnant des maux de ventre quasi permanents. Ce qui n’est vraiment pas pratique c’est bien sûr le confort très modéré de la salle de bain : il faut se débrouiller pour tout faire avec un robinet et une bassine d’eau, je vous laisse imaginer. Bref, je touche à peine à mon Pad Thaï commandé au « restaurant » le midi, lors d’une sortie en ville avec les collègues profs féminins et je n’absorbe absolument rien d’autre de la journée. Dans l’après-midi j’assiste à un évènement dans le gymnase de l’école. Je ne comprends pas tout de suite ce dont il s’agit puisque ma prof me dit « They’re going to shoot cops », ce qui ne me paraît pas très logique dans le contexte… Encore une fois Lost in Translation, victime de l’accent thaï auquel il faut vraiment d’habituer. En réalité « They’re going to choose clubs », et ma prof allait récupérer les fiches des élèves voulant faire de l’Easy English le jeudi après-midi. Il y a toute une myriade d’autres clubs étonnants comme danse traditionnelle thaï, chant thaï, boxe thaï, relaxation, exercices cérébraux, etc…  Je finis mon après-midi en aidant à préparer des invitations pour une fête qui se déroulera à l’école le lundi suivant et en apprenant quelques mots de français à Pii-Taa, une prof d’anglais. Le soir je saute le dîner et déballe toutes mes affaires pour m’installer un peu plus confortablement avant de m’asperger de citronnelle pour passer une nuit toujours difficile, mais tout de même plus reposante.


Le Vendredi 21 mai :


Première vraie journée en tant que  English Teacher  à l’école. Je me lève plus en forme que la veille, et comme tous les matins une douche s’impose, toujours avec la bassine et le robinet. Ne parlons pas d’eau chaude ou froide, la notion n’existe pas puisque l’eau est toujours à température ambiante donc tiède, et convient à toutes les utilisations. Geste salvateur, j’avale un immodium qui me permettra de me libérer des mes maux de ventres définitivement. J’enfile ensuite mon plus beau pantalon et une chemise bien repassée : il est en effet indispensable d’être bien habillé et propre sur soi lorsqu’on est professeur en Thailande, car il s’agit de donner l’exemple aux élèves. J’enfourche mon vélo direction l’école et j’ai déjà le droit à une ribambelle de salutations des élèves qui me voient passer et s’écrient « Hello Teacher ! » avec un grand sourire ! La journée commencent fort pour moi, avec 3h de cours d’affilée. Je n’ai pas encore d’emploi du temps donc les professeurs viennent me chercher à mon petit bureau lorsqu’ils ont besoin que je les assiste. Je commence avec Pii-Ray qui fait cours à des Mata-Yum 6, c'est-à-dire des Terminale en France. Il s’agit d’une leçon de conversation, et la prof compte sur moi pour parler tout simplement aux élèves et avoir une petite discussion. Je commence avec des phrases simples et je ne vais pas au-delà, effectivement le niveau n’est pas très élevé, bien que Pii-Ray m’annonce qu’il s’agit de bons élèves. Par exemple « What’s your favourite colour ? » n’est pas compris de la moitié des élèves… On en reste aux classiques « What’s your name? Where are your from ? How many brothers do you have ? (dur) etc… ». Je pars ensuite avec Pii-Taa pour un cours aux Mata-Yum 1, des équivalents 5e. Les thaï font déjà 6 ans d’anglais en cycle primaire avant d’arriver en  Mata-Yum 1, mais la langue, l’écriture, la prononciation, la grammaire sont tellement différentes du thaï qu’il faut vraiment du temps pour tout assimiler. Ce cours-là se fait sous forme de jeux de rôle : nous simulons une rencontre avec la prof et échangeons les « greetings », puis les élèves doivent faire de même entre eux, puis venir jouer le jeu un à un au tableau avec moi. Ce qui provoque de grandes sensations ! Surtout beaucoup de rires de la part des garçons et une graaande timidité de la part des filles. Les autres leçons de la journée sont centrées autour de moi : je me présente, pose des quetions aux élèves et ils m’interrogent en retour. Je peux déjà voir la différence qu’il peut y avoir entre les classes : certaines sont presque amorphes (timidité ou bas niveau souvent) tandis que d’autres sont extrêmement dynamiques et sympathiques. Les leçons sont la plupart du temps agitées de cris et de rires car il est important pour les élèves que les activités, jeux comme cours, soient amusantes, ou sanouk ! Une classe me demande si je suis marié, grande sensation lorsque je réponds non (du côté des filles), et si j’ai une copine, encore plus grande sensation quand je dis que oui, puis ils demandent à voir une photo et se passent mon portable à travers toute la classe : « Beautiful ! Beautiful ! ».  En fin d’après-midi Pii-Benz, « ma prof », m’emmène au marché, talaat, et me montre les magasins ou je peux m’acheter de quoi améliorer un peu mon confort (comme des coco pops et du lait !), puis elle me donne la clé de la salle des profs pour que je puisse aller et venir quand bon me semble et utiliser internet en soirée par exemple. Après des débuts sportifs, je suis maintenant de mieux en mieux installé, je m’habitue à l’environnement et je commence à connaître un peu mieux les gens, sans oublier que ma santé est meilleure et que je recommence à manger ! Petite surprise au retour de l’école, après la nuit tombée : des chiens sortent d’un fourré à 50m et commencent à me courser en m’aboyant dessus… les joies de la campagne, ici les chiens sont libres ! Sans paniquer je rejoins ma chambre, légèrement tendu tout de même, mais ils ne voulaient pas me manger cette fois-là. Ils me courseront d’ailleurs tous les jours suivants, lorsque je rentrerai après la tombée de la nuit. Après ces quelques sensations, je suis enfin parti pour passer une bonne nuit.


Le Samedi 22 mai :


Le week-end est arrivé. Forte chaleur au réveil et soleil de plomb. Je compte passer une bonne partie de la journée dehors pour une balade à vélo alors je ne manque pas de me passer de l’écran total sur le visage pour éviter les ravages. Je vais également faire quelques courses le matin et m’acheter un chapeau de paille, type paysan thaï au marché du village, car je crains l’insolation... C’est l’occasion de découvrir un peu plus mon village, Chao Thong : une première partie est toute en longueur répartie au bord de la route sur peut-être 1.5 km, avec essentiellement des petites habitations-hangar comme ma propre demeure, et surtout beaucoup de petit magasins/restaurant, difficiles à qualifier. A l’extrémité ouest mon école, au milieu le marché, et à l’est des petits magasins de bricolage/scooter. Une autre partie est au nord de la route, sur 800m de largeur et consiste en une sorte de lotissement avec des petites habitations dans le style local, plus ou moins entretenues.


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Après ces quelques préparatifs je me lance donc dans une rue annexe, vers les habitations, pour entamer mon petit tour dans la vallée, cartes en main et bouteilles d’eau fraiche dans le panier. Je découvre que les maisons sont très éparpillées dans la vallée, il n’y a pas vraiment de villages mais des habitations par-ci par-là, plus ou moins densément réparties. Les routes sont les artères qui alimentent la vallée, et malheureusement la mienne est n’est pas la plus petite. Le paysage est typiquement rural et les maisons ressemblent à celles que j’ai vues deux semaines avant dans le village natal d’Ann. Je finis cette balade fort sympathique et dépaysante par un passage sur une petite route de terre en plein milieu des champs, et je « discute » avec quelques paysans thaï, au large chapeau de paille sur la tête, foulard sur le visage et à la peau très mate caractéristiques des zones rurales. Les photos  précédentes et suivantes ont été prises un autre jour plus nuageux mais c’est en gros les paysages locaux !


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Le soir je suis invité chez ma prof et son mari, qui vit pour le moment à l’extrême est de la Thaïlande à 500 kms d’ici et est rentré pour le week-end pour passer un examen dans la province qui permet d’être professeur fonctionnaire et donc d’avoir de nombreux avantages supplémentaires. Ils me proposent donc d’aller à Chaiyaphum le lendemain pour visiter la ville et les environs.


Le Dimanche 23 mai :


Lever à 7h pour être à l’heure à l’exam du mari en ville. Dur. Nous arrivons donc à Chaiyaphum et passons devant la statue du fondateur et protecteur de la ville, ancien bastion laotien devenu thaï au cours d’une des nombreuses guerres avec les pays environnants. Après avoir déposé le mari, nous rejoignons une autre professeure se trouvant dans le coin et nous partons pour le parc naturel le plus proche, au nord de la ville : le Ta Ton Natural Park et sa fameuse cascade. Lorsque je me balade vers la cascade, j’aperçois de nombreux thaï grimpant sur les rochers et se baignant. Ils sont très amicaux et viennent tous vers moi, étrangement, pour faire des photos avec leurs téléphones portables ! Ils m’aident à monter et je passe ensuite bien un quart d’heure à dire bonjour à tout le monde et à faire les photos dont ils ont une vraie manie. En effet je suis encore et toujours le seul occidental dans les environs, bien que le site soit pas mal fréquenté en ce dimanche matin.


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Après cette petite promenade dans le parc nous retournons en ville vers le Tesco Lotus, véritable institution dans le pays dans le domaine de la consommation, avec les Seven Eleven. Mes deux amies y passent l’après midi à faire du shopping tandis que je pars en touk-touk visiter le Chao Pho Phraya Lae Shrine. En arrivant, le choc ! Une énorme statue de tortue se trouve devant moi ! Et à ses pieds des dizaines de tortues vivantes dans une marre d’eau. Le coin est très paisible, en bordure du lac du « vieux poisson » (parce qu’on y a trouvé un vieux poisson !), et les locaux toujours aussi amicaux.


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Je rejoins Pii-Benz avant d’aller retrouver son mari puis nous rentrons en voiture avec deux autres professeurs de mon école se trouvant en ville. Sur le chemin nous nous arrêtons à plusieurs marchés pour y trouver un canard, et notamment à Ban Khwao, réputée pour son commerce de la soie. Les deux jeunes profs qui nous ramènent habitent en collocation dans une maison de mon village et m’invitent à dîner chez eux le soir. J’accepte et les rejoins directement dès notre arrivée. Leur maison est un peu plus reculée et leurs conditions de vie sont à peu près les mêmes que les miennes. Ils m’offrent une bière tandis qu’ils tuent les poissons avant de les fourrer aux oignons par la bouche et de les mettre à cuire sur un sceau de braises. Avec cela, ils préparent devant moi la sauce à base d’ail et de piments qui accompagne le poisson et le riz… Un peu dur pour la langue mais très bon ! L’un est prof de sport et l’autre prof de sciences sociales, et je passe une sympathique soirée à discuter (en anglais, lentement mais surement) de nos pays respectifs. Une petite séance de repassage pour être clean le lendemain et c’est parti pour bien dormir. Je retourne mon matelas pour plus de confort, je mets mes boules quies et surtout je dispose le ventilo près de mon lit, ce qui change tout pour trouver le sommeil !  


Le Lundi 24 mai :


J’ouvre les yeux… il est 8h45… déjà en retard pour mon 3e jour ! Je me lève en catastrophe, m’habille en 2 min et arrive en trombe à l’école. Ce matin-là, j’accompagne Pii-Ray pour faire un cours de lecture à des Mata-Yum 4 (seconde). Sur la base d’un texte, il s’agit de faire des exercices de prononciation, et d’entendre de l’anglais tout simplement pour se familiariser avec la langue. Je les fait répéter les mots compliqués à prononcer puis ils doivent lire un paragraphe en entier (très dur pour la classe, je dois répéter de nombreuses fois pour qu’ils se souviennent de la prononciation !). Je commence à évaluer un peu le niveau des classes… Après 3 semaines de lecture, le texte saura su en entier et les élèves viendront me voir un à un pour me faire la lecture du texte, que je devrai noter. Dans la suite de la journée, je continue également à me présenter aux classes que je n’ai pas encore vues. Le soir même a lieu la fête dont j’ai parlé précédemment, à l’occasion du départ de deux membres de l’administration et de l’arrivée de deux nouveaux. Lorsque je m’y rends, de nombreuses personnes y sont déjà présentes, les gens viennent des écoles environnantes et les tables remplissent tout le gymnase. Je fais connaissance avec deux profs qui ont à peu près mon âge (anglais et maths) et je me rends compte que presque tous les autres profs masculins sont en dehors du gymnase, attablés dans un petit coin sombre en train de boire du whisky à la mode locale : un fond de whisky, de l’eau gazeuse, de l’eau plate et des glaçons ! Ils m’invitent avec eux puis nous nous mettons à table à l’intérieur, toujours avec les bouteilles de bourbons. Le plus jeune passe son temps à re-remplir les verres vides… Enfin le discours d’introduction se termine et le spectacle commence : de jeunes filles et de jeunes garçons de l’école réalisent de très belles danses traditionnelles devant nous. L’ambiance est très chaleureuse et la soirée se finit avec un karaoke, activité extrêmement populaire en Thaïlande ! Une bonne nuit de sommeil s’impose.


Le Mardi 25 mai :


J’arrive à nouveau en retard, d’un quart d’heure seulement. La journée se déroule tranquillement à base de cours de lecture, et nouvelle activité, j’enseigne les jours de la semaine et les mois de l’année à une classe de seconde. Puis je passe une bonne partie de la journée à préparer des cours sur la base de ce que j’ai fait et de ce que je peux trouver sur internet, comme des chansons pour mieux apprendre les jours et les mois, ou des petits jeux avec flashcards pour apprendre des mots simples. Je pars dès la fin des cours à 15h30 pour aller faire une balade en vélo. Les températures sont plus douces, les nuages plus présents et la transition entre la saison chaude et la saison des pluies se ressent. Autre fait marquant la journée : les profs sont tous en uniforme de professeur officiel du gouvernement. Il y a en effet des habits associés à chaque jour, sauf le lundi. Le mardi : uniforme du gouverment, le mercredi : uniforme scouts, le jeudi : habits de sports, le vendredi : habits traditionnels thaï. Certains élèves de fin de cycle sont également habillés en militaires car ils suivent une formation pseudo-militaire qui permet d’éviter le service. Et puis il y a l’uniforme classique bleu/blanc, t-shirt/polo, jupe/pantalon. Tout ça met un peu de diversité dans l’école !


Le Mercredi 26 mai :


Je suis à l’heure cette fois-ci, et comme à leur habitude les garçons me saluent en riant et les filles semblent très intimidées lorsqu’elles me disent bonjour. Le respect à l’école occupe en effet une place très importante ici. Les élèves saluent les profs en faisant le wai (jonction des paumes devant le visage) à chaque fois qu’ils les croisent, s’inclinent visage contre le sol  lorsqu’ils passent près d’un professeur et enlèvent leurs chaussures pour rentrer dans leur bureau, ce qui change pas mal des habitudes françaises. Ce matin là je trouve les élèves regroupés dans la cour et quand je rejoins les profs ils me disent qu’il n’y a pas cours de la journée car les élèves vont tous faire un test d’urine pour déceler d’éventuelles traces de drogue. Je rentre donc pour me lancer dans une grande entreprise : laver mon linge ! Car bien sûr je n’ai pas de machine, il faudra tout faire à la main. Une après-midi ne sera pas de trop ! Le soir je reçois mon emploi du temps : 20h de cours par semaine, je ne vais pas chômer. Il m’aura fallu quelques jours pour me faire au mode de vie local et m’adapter à ce grand changement, mais je commence maintenant à prendre mes habitudes, à supporter la nourriture et l’eau, et à connaître les professeurs et les élèves. Je n’attends désormais plus que l’arrivée de Flore, qui est sortie de l’hôpital le matin même et part pour un mois de convalescence chez elle dans le sud de la France, avant de me rejoindre dans mon charmant hameau.

 

Publié dans Thaïlande

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B
<br /> Merci pour vos commentaires! Ca fait plaisir :)<br /> <br /> <br />
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T
<br /> C'est génial de te lire!<br /> J'ai l'impression d'y etre :p<br /> <br /> Faut qu'on se capte un de ces jours, ca te tente chang mai?<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Merci!!<br /> <br /> <br /> Oui carrement pour Chiang Mai! je te rapellerai =)<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Ton intégration me semble parfaitement reussie; je suis sûr que tu vas apprendre plus de Thaï qu'ils n'assimileront d'anglais...<br /> Pour le linge, tu dois pouvoir le faire laver et repasser pour qques baths..<br /> A quand les prochaines vacances scolaires en Thaïlande ??<br /> A+<br /> <br /> <br />
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B
<br /> <br /> Oui on m'a indiqué un endroit pour le linge, j'irai sûrement :)<br /> <br /> <br /> Quand aux vacances, malheureusement pas pendant ma période! Je ne sais pas quand exactement mais il y aura 4-5 jours fin juillet quand je serai déjà parti.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Enfin la suite de tes aventures , Biniou ! Continue, surtout ,à nous les raconter ! Pense à faire un cours sur les tortues que tu as vues ! Flore va mieux : la vie semble + belle ! Bises Maco<br /> <br /> <br />
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Z
<br /> Biniou,<br /> <br /> Tout le monde attendait avec impatience la suite de tes aventures en Thaïlande.On n'a pas été déçu !<br /> Continue de nous faire rire et de nous narrer d 'autres anecdotes savoureuses.<br /> Flore est à St Rémy.Les analyses continuent mais elle va beaucoup mieux.<br /> Bises<br /> <br /> <br />
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