Dernière semaine de volontariat

Publié le par Biniou

 

Le Dimanche 11 juillet:

La semaine s'est écoulé rapidement et me voilà déjà arrivé à mon dernier week-end à Chao Thong avant mon départ définitif. Je me trouve pour la première fois coupé du monde extérieur car le PC ne démarre plus depuis le vendredi. Les deux journées sont dont relativement peu chargées, hormis un passage chez Sasiton et ses filles le samedi soir (et une partie de 'chasse à la blatte' à mon retour) et chez Bird le dimanche midi. La province de Chaiyaphum comprenant quatre parcs naturels, et en ayant déjà visité trois, j'avais eu l'idée de visiter le dernier dimanche, mais les circonstances en ont voulu autrement car les profs qui m'accompagnent habituellement n'étaient pas disponibles pour ce week-end. Je décide néanmoins de bouger un peu pendant l'après-midi et choisis la solution toute indiquée: rien ne vaut un tour en vélo dans la vallée pour respirer une bonne bouffée d'air et profiter d'une magnifique vue. Me voilà donc à peine parti que je remarque un homme en scooter qui semble intrigué par ma présence et me regarde en souriant. Lorsque j'arrive à son niveau, il entame la conversation et nous discutons en thaï de scooter à vélo jusqu'à sa maison qui se trouve un peu plus loin, assez proche de l'école en bordure de champs. Il m'invite alors à revenir le soir-même déguster un Tom Gai, ou soupe de poulet, avec sa famille. J'aperçois ses enfants et sa femme et cette présence rassurante, associée à la sympathie du bonhomme, me pousse à accepter la proposition. Je suis également curieux de passer une soirée avec des gens du cru... Je continue donc mon tour à vélo sur un chemin que je connais bien pour l'avoir déjà pris plusieurs semaines auparavant. Au niveau de la dernière rue habitée avant d'entrer dans les champs, je rencontre un de mes élèves à vélo qui me salue, puis me rattrape quelques minutes plus tard en me gratifiant de ses meilleurs compliments quant à la conduite de mon bolide: « Very good! You very good! ». Nous continuons la route ensemble jusqu'à arriver à un  passage délicat: une descente menant à un pont de terre très étroit passant au dessus d'un petit ruisseau. Seulement, je me rends compte que le pont a été complètement détruit: je tombe face à un gouffre et m'arrête net subjugué par un tel changement. Mon compagnon, Nut, m'explique que les dernière pluies l'ont achevé et qu'il faut descendre à pied en portant le vélo pour atteindre l'autre rive. Aidés par des paysans passant au même moment en scooter, nous nous retrouvons donc de l'autre côté et continuons une balade fort agréable, à défaut d'être reposante car Nut ne me ménage pas! Sur un petit chemin de terre en plein champs, j'évite un obstacle puis me retourne pour voir ce dont il s'agit: juste un serpent! Une belle bête, qui ressemble fort à python et qui a été malheureusement victime du dernier scooter... Il m'apprend que la vallée grouille de serpent et qu'il ne serait pas bien prudent de se promener hors des sentiers à pied... Une fois arrivé aux montagnes que je vois habituellement à l'horizon, les dénommées Sapasit, Nut me propose de m'amener une cascade se situant à quelques kilomètres seulement, Namtok Sairung. Arrivé si près de ce lieu jusqu'alors inconnu, je me lance sans hésitation mais je suis bien vite freiné par la gravité: car atteindre la cascade implique l'ascension d'une partie de la montagne! La montée est exténuante, mais le paysage est superbe et sauvage. Bien que nous ayons à nouveau rejoint une route goudronnée, la circulation est si faible ici que la végétation couvre en partie la route, reprenant ses droits sans être aucunement dérangée! Étrange tout de même que je n'ai jamais entendu parler de cette cascade, juste à côté de ma vallée. La route mue en chemin de terre profondément sillonné, puis en sentier impraticable à vélo. Nous poursuivons donc à pied au milieu d'une végétation luxuriante et d'une atmosphère de jungle tropicale particulièrement dépaysante. Il ne manque qu'une chose: le bruit de l'eau que je n'entends toujours pas. Et pour cause, nous arrivons au lieu de la cascade et y découvrons un grand mur constitué de très belles formations rocheuses recouvertes de mousses, mais pas une goutte d'eau! Nut m'explique qu'il n'a pas assez plu cette année, et que la cascade ne sera à nouveau cascade que l'année prochaine sans doute! Nous redescendons alors et bouclons le circuit, et je rejoins ma petite maisonnée après avoir dit au revoir à Nut. Mais je n'ai pas le temps de trainer, car la nuit commence à tomber et je dois honorer ma promesse en me rendant chez le sympathique étranger pour gouter son Tom Gai. Je le retrouve devant chez lui et il m'invite à m'installer sous le porche de sa maison. La nuit est déjà tombée lorsque je m'assieds avec ses parents sur une petite estrade de bois surélevée, tapissée d'une paillasse. J'échange quelques mots avec eux mais la communication est laborieuse, les filtres linguistiques étant trop étroits des deux côtés. On m'offre de l'eau (avec quelques insectes en bonus), puis Chai (le mari et celui qui m'a invité) ramasse un des nombreux poulets qui flânent dans le coin et me le présente en me demandant mon avis. La pauvre bête paraît perplexe mais ne semble pas consciente de son sort. Quelques secondes plus tard, un hachoir s'abat en effet sur son cou, et le poulet est plongé dans une petite marmite d'eau bouillante. Je fait habituellement rarement  directement le lien entre la pauvre bête craintive à la démarche maladroite et la chaire blanche et filandreuse se trouvant dans mon assiette, mais cette fois je n'ai pas vraiment le choix! A mes côtés, sur une cage hémicylindrinque en bois, une poule ferme paisiblement l'oeil, recouvrant son rejeton de son aile... Quelques minutes plus tard, je déguste donc ma soupe,en discutant avec Chai. Il m'apprend que ses parents étaient paysans et que lui-même est conducteur (de motorbike, touk-touk...). Sa petite fille de 3 ans, Som, est très mignonne et paraît intriguée par ma présence. A un moment, sa femme sort son téléphone et me dit qu'elle appelle quelqu'un qui parle anglais. Elle me passe donc le portable, et j'échange quelques phrases avec sa petite soeur qui habite à Hua Hin et me dit qu'elle veut « s'occuper de moi » si je m'y rends. Je finis ensuite mon repas, et Chai et sa femme insistent pour que je prenne le numéro de la sœur. Il fait désormais nuit noire et le chemin de retour, jonché de chiens hargeux, n'est pas éclairé. Chai me propose gentiment de me raccompagner en scooter et roule à mes côtés, avec sa petite fille Som devant lui. De retour au village, je suis plutôt content de l'expérience du dîner « immersion totale », et je suis prêt à passer à autre chose. Seulement Chai désire voir ma maisonnette, je l'accueille donc avec sa petite fille et leur offre lait et gâteaux, leur devant au moins cela pour le repas. Je m'attends alors à ce qu'il rentre chez lui, mais non, il s'assied par terre et s'adosse à un matelas. Bon, s'il désire se reposer quelques minutes, pourquoi pas? Mais ce n'est plus quelques minutes, c'est bientôt une heure, et à part regarder sa petite fille mettre le bazar dans ma maison, il ne bronche pas, n'essayant même pas vraiment de discuter. Je lui fait finalement comprendre que je vais me coucher et il se décolle difficilement de cet état léthargique et embarrassant... Ce petit sitting a été de trop pour la soirée, et le bonhomme est passé de simplement « sympathique » à vraiment « bizarre ». Je suis content de me retrouver enfin seul, mais la nuit n'est pas encore finie car en ce dimanche soir j'ai prévu d'assister à la finale de la Coupe du Monde avec les profs à l'école. Je fais un petit somme auparavant, car le match ne commence qu'à 1h30, puis je reprends mon vélo et traverse l'école de nuit pour y trouver quelques profs (uniquement des mecs) en train de  jouer de l'argent aux cartes en attendant le match. Je m'installe confortablement, mais terrassé par le sommeil je ne fait qu'ouvrir l'oeil de temps à autres pour regarder le score, et je parviens tout de même à assister au but final avant de rentrer chez moi. Petit problème lors du départ: ma roue arrière est complètement à plat et je dois donc pousser mon vélo en priant pour que les chiens ne soient pas de sortie ce soir-là. Fatigué par mon tour de vallée et le poulet me pesant toujours sur le ventre, je m'assoupis et me prépare à ma dernière semaine de cours...

Le Lundi 12 juillet:

A part un réveil tardif (pour changer), ma journée se déroule normalement et je fais cours pour la dernière fois à quatre de mes classes. Le soir arrive et je me rends chez mon voisin Bird, 26 ans, frère de Pii-Benz et professeur dans un école primaire du coin. Alors que nous discutons tranquillement, je reçois un appel de Chai... je passe le téléphone à Bird pour une traduction plus précise et il m'apprend qu'il se trouve devant chez moi! En effet, il m'avait invité la veille à revenir chez lui ce lundi soir. Mon problème de vélo m'avait offert une bonne excuse pour en rester là mais Chai n'a pas compris mon texto et est venu directement me trouver en notant mon absence. Cette fois-ci, il est venu avec petite fille et sa femme, et comme je m'en doute il compte bien passer la soirée avec moi! Il m'accompagne au boui-boui du coin pour aller chercher ma nourriture tandis que sa femme reste avec Bird, puis ils me regardent manger devant chez Bird en me posant des questions bizarres: « Combien tu gagnes par mois? », « Carrefour appartient à ton frère? », etc... De plus en plus étranges, ils finissent par rentrer chez moi (tandis que Bird s'est éclipsé intelligemment!) et squatte par terre comme la dernière fois, au moins aussi longtemps. Le mec est de plus en plus sans-gêne et inutile de dire que je l'apprécie de moins en moins. Après une longue attente ils finissent par partir et je vais enfin retrouver Bird. Bien justement amusé de la situation, il m'apprends que la femme lui a dit que j'avais parlé « très longtemps » avec sa soeur au téléphone la veille (je n'ai échangé que quatre phrases à tout casser, ce qui fait bien rire Bird!), et qu'il est sûr et certain qu'ils veulent me caser avec elle! Le plan est simple et efficace: je me rends à Hua Hin, je rencontre la sœur que j'engrosse sans tarder, je rentre en France, gagne beaucoup d'argent et leur en envoie pour faire vivre la famille. Pas pour cette fois merci! De quoi bien rigoler avec Bird, mais ce sera tout. J'avais pourtant parlé de Flore à de nombreuses reprises et même montré des photos: sans foi ni loi! Prévoyant, j'ai dit à Chai avant qu'il parte que j'étais très pris les autres jours de la semaine, ce qui n'était d'ailleurs pas faux. J'espère désormais qu'ils ne me recontacteront pas!

Le Mardi 13 juillet:

En cette deuxième journée, je dis peu à peu au revoir à mes classes, mais le départ ne me semble pas encore imminent. Le soir, je vais chez Sasiton, non plus pour enseigner le français car ces derniers temps la motivation est retombée, mais juste pour jouer avec Oo et Earn, les aider à faire leurs devoirs, manger et discuter avec la mère. C'est la dernière soirée prévue dans la famille, mais je compte y retourner le samedi pour un évènement particulier. BenTen, le chien, est toujours autant amoureux de moi (ou bien serait-ce de mon anti-moustique??), et je passe une agréable soirée dans cette famille qui aura définitivement été très accueillante!

DSCF6149DSCF6151.JPG

 

Elles m'apprennent également que deux ans auparavant leur maison n'existait pas, et qu'elles ont trouvé sur le terrain de bien charmantes bestioles dont j'ai pu voir quelques photos: une araignée absolument gigantesque, à la chair rosée entre les mandibules et vivant dans un terrier de l'actuel jardin, et... un scorpion sur le lit! Je n'en étais pas vraiment conscient au début, mais maintenant je suis au courant: la vallée grouille de serpents, et il n'est pas impossible de trouver un scorpion ou une araignée de la taille d'une étrie dans mon lit en rentrant le soir...

Le Mercredi 14 juillet:

Les professeurs ont prévu quelque chose de spécial pour moi en ce jour de fête nationale (enfin pour le coup je ne crois pas qu'ils aient fait exprès!). Pour me remercier d'avoir enseigner à Phakdi Chumphon, ils ont donc prévu de m'amener à Chaiyaphum en voiture pour y passer la soirée. Nous partons dans l'après-midi, et sur le chemin nous nous arrêtons à Ban Khwao, célèbre pour son commerce de la soie. Je me rends compte que nous y faisons une escale pour me choisir un cadeau dans un très beau magasin de vêtements, et ils m'achètent deux jolies chemises de cotons, qu'ils comptent m'offrir plus tard. Nous arrivons finalement en ville et nous installons sur un terrasse avec buffet de viandes crues et mets thaï à volonté. La table dispose d'un petit grill conique qui permet de faire cuire à la fois la viande sur la partie métallique centrale et les légumes dans l'eau bouillante chauffée en périphérie. Sous les incitations « Kin yeu yeu! », je « mange beaucoup » et passe une bonne soirée avec les profs d'anglais présents pour l'occasion. Un événement imprévu survient néanmoins le même soir dans la ville: une prof ayant anciennement enseigné dans notre école a eu un accident de voiture et s'est retrouvée à l'hôpital. Nous y passons donc avant de rentrer. L'hôpital est bien différent de nos établissements français, je longe des « salles-couloirs » contenant des dizaines de lits alignés, tous occupés. Nous trouvons l'amie des profs dans un vestibule, bien amochée mais n'ayant pas à craindre pour sa vie, et entendons ses cris de douleur une fois le rideau fermé pour effectuer les soins. Après un passage par Tesco Lotus, le centre commercial de la ville, nous rentrons finalement au village, et je me couche après avoir admiré le « coq de combat » de Kru Pichet.

Le Jeudi 15 juillet:

Aujourd'hui, c'est Sport Day! Les élèves n'ont pas cours de la journée, et les professeurs de mon école et d'une école voisine se retrouvent dans l'après-midi pour s'affronter à différents sports. Et notamment à la pétanque! Je suis bien surpris de constater que ce 'sport' soit connu et apprécié en ces contrées lointaines! En début d'après-midi, j'assiste donc aux matchs de volley-ball, masculins puis féminins, qui se jouent dans une ambiance de folie! Les hommes ont ramené les percussions et rythment le jeu, tandis que les (jeunes) femmes dansent sur cette musique, crient et applaudissent au moindre point gagné! Le match féminin n'est pas d'un niveau extraordinaire (en gros c'est à l'équipe qui fera le moins de fautes) mais l'ambiance est toujours présente.

DSCF6164.jpgDSCF6170.JPGDSCF6179.JPG
Alors que je m'éclipse pour tester mon habilité à la pétanque, la pluie commence à tomber, ou devrais-je dire le déluge! La cour est rapidement inondée et les caniveaux (des tranchées de 50 cm à 1m de profondeur) se remplissent d'un seul coup. Les professeurs ayant réussi à sortir du gymnase avant la tempête s'entraînent au karaoké pour briller le soir venu! Car le Sport Day doit s'enchaîner sur une soirée. Je sens en effet une odeur de porc grillé et j'aperçois déjà les tables disposées sous le préau. A la nuit tombée, tout le monde s'y réunit et commence la soirée. Une bouteille de whisky par table, bouteilles de bières également fournies, les buveurs ne manqueront de rien! Tandis que la soirée débute tranquillement, un groupe de jeunes élèves portant des tenues traditionnelles (dont Oo, une des filles de Sasiton) réalise un très beau spectacle de danse thaïe, du style de Bangkok.

DSCF6182DSCF6188.jpg

Avec Oo avant la danse

DSCF6193.JPG

Un prof de l'autre école déjà à moitié bourré vient nous voir et draguer les jeunes profs présentes à ma table, tandis que le directeur de notre école monte sur scène pour entamer le karaoké sous les applaudissements! La soirée s'anime rapidement, et tous les profs montent sur scène alternativement, brandissant la coupe gagnée par mon école le jour-même! Pii-Benz et Pii-Ta insistent pour que je prenne également le micro, et je massacre donc joyeusement « Zombie », même si personne ne semble trop s'en soucier (heureusement). La soirée continue jusqu'à tard dans la nuit pour certains, mais de mon côté la fatigue me pousse à rentrer vers 1h du mat', et après avoir raccompagné Pii-Benz je peux savourer un repos bien mérité, bien que pour moi le Sport Day se soit limité à 3 lancés de boules!

DSCF6200.JPGDSCF6213.JPGDSCF6217.JPG
Le Vendredi 16 juillet:

Je l'avais prévu ainsi la veille: le manque de temps en cette fin de semaine m'oblige à me lever pendant la nuit pour quelques activités ludiques. Pii-Benz m'a en effet prévenu que je devais faire un discours devant tous les élèves le vendredi matin à 8h, sur l'estrade avec le micro, comme le premier jour. Mais cette fois, ils attendent de moi à ce que soit un discours en thaï! Ce qui nécessite un minimum de préparation... J'y réfléchis donc rapidement mais remets cela à plus tard pour m'atteler à une toute autre activité qui me replonge dans ma plus tendre enfance. Deux semaines plus tôt, j'ai en effet commencé à faire quelques collages/découpages  pour essayer de réaliser un cadeau de départ de mes propres mimines. Les élèves m'ayant appris à faire de petites fleurs en papier, j'ai eu l'idée d'exploiter la méthode et d'y rajouter quelques innovations... toujours d'un niveau maternelle soit... Cependant je me prépare à passer ma dernière journée à l'école et mon projet est bien loin d'être achevé! Vers 7h30, n'ayant eu le temps que d'avancer un peu la chose, je pars pour l'école et me remets activement à la préparation de mon speech une fois assis à mon bureau. L'heure fatidique arrive, et assommé par le sommeil je monte sur l'estrade pour bafouiller mon discours du mieux que je peux. Je ne suis pas sûr d'avoir été compris par tout le monde, mais bon j'aurais au moins essayé! Le directeur prend ensuite la parole et m'offre un paquet contenant les chemises achetées la veille à Ban Khwao, réalisant en public le geste concrétisant la reconnaissance de l'école. Puis une fois les élèves dispersés, nous faisons quelques photos souvenirs avec les profs devant l'école.

DSCF6218.JPGDSCF6222.JPGDSCF6223.JPG
J'entame alors ma dernière journée d'enseignement... Je fais tous mes cours en solo, les profs me laissant libres pour mes dernières heures avec les élèves. Les adieux sont très différents en fonction des classes; bien que je ne les connaisse pas très bien, ayant eu à enseigner à 20 classes simultanément, certains élèves se montrent très chaleureux lors des au revoirs. Les classes de 4e en particulier se pressent à la fin de l'heure en criant et me tendant leurs carnets pour que je les signe: je les passe donc tous en revue en y marquant mon nom et en remplissant parfois des petites fiches (âge, e-mail...). J'ai également le droit aux mignons « I love you » et même parfois aux filles qui me courent après pour me tendre des fleurs en papiers (le fameux curcuma!). Je passe spécialement un très bon moment pour ma dernière heure avec les 6/1, ma classe préférée qui est constituée des meilleurs élèves de Terminale, et avec lesquels j'ai passé mes heures les plus agréables (et aussi les plus fatigantes!). J'improvise un dernier jeu auquel les élèves accrochent bien, puis je leur dis laisse après avoir fait quelques photos souvenirs avec tout le monde!

DSCF6225.JPGDSCF6228.JPGDSCF6232.JPG
Je quitte enfin l'école pour rentrer une dernière fois chez moi... La soirée est consacrée à la confection de mon cadeau d'adieu et je parviens à tout finir au prix de quelques heures de sommeil en moins! Car le lendemain le réveil est prévu à l'aube!

Le Samedi 17 juillet:

Huit heures du matin, je suis réveillé par un coup de téléphone me prévenant qu'Earn (une des filles de Sasiton), vient me chercher en scooter. En effet, Sasiton m'a invité à un mariage qui se déroule en ce samedi dans sa maison, entre une jeune fille de 26 ans qu'elle connaît bien (et que j'ai déjà vu chez elles auparavant), et un américain de 31 ans qui vit à Las Vegas. Le mariage est donc particulier, et il ne s'est d'ailleurs décidé que quelques semaines plus tôt! Lorsque j'arrive, je trouve la terrasse où je mange habituellement complètement transformée. De petits chapiteaux ont été disposés dans le jardin, de grandes enceintes on été montées, et une large tenture affiche les noms des mariés devant un petit autel au pied duquel est disposé une paillasse. Beaucoup de gens sont présents, tous des thaïs issus de la famille de la jeune fille, aux faciès très typiques des paysans de la région. J'ai le temps d'échanger deux phrases avec le farang, qui a un très fort accent ricain, puis la cérémonie débute. Difficile de tout décrire, mais l'omniprésence de l'argent me marque. Les vieilles dames assises sur la paillasse devant l'autel disposent des dizaines de billets en cercles concentriques sur un grand plateau, puis emballent le tout dans un sac destiné aux époux. Les convives défilent avec un coquillage rempli d'eau et la versent sur les mains des mariés, puis j'assiste à une cérémonie qui m'est déjà familière: un nouveau tour consiste à nouer un bracelet de fil blanc autour de leurs poignets, puis à leur tendre une liasse de billets (je n'y participe pas!). S'ensuit des spectacles de danses thaïe de style Isan, auxquels participe Oo avec ses copines de Seconde.

DSCF6234.JPGDSCF6237.JPGDSCF6242.JPGDSCF6253.JPGDSCF6254.JPG
Vers midi, la cérémonie touche à sa fin et les danseuses (c'est-à-dire mes élèves), m'invitent à aller déjeuner au village. Je me rends compte en discutant avec elles que la culture la plus populaire chez les jeunes thaïes du coin n'est ni américaine, ni japonaise, mais bien coréenne! Les filles sont absolument folles de tout ce qui touche à la Corée, et en particulier de ses séries (qui me semble assez niaises à première vue). Je repars ensuite chez moi, après avoir été invité à passer la soirée à nouveau chez Sasiton, une fois le mariage terminé. L'occasion de faire une bonne sieste, puis je vais apporter mon chef d'œuvre à l'école, destiné à  être découvert (certainement avec horreur) par les profs à leur arrivée dans le bureau le lundi matin. Attention les yeux!

DSCF6267.jpg

Le soir venu, Earn revient me chercher en scooter et je passe encore une agréable soirée dans cette famille. Je quitte alors définitivement Sasiton et ses filles en leur offrant « Amélie Poulain » en guise de cadeau d'adieu, et les filles m'offrent un petit panda en céramique.

DSCF6265.JPG
Une fois chez moi, je n'ai plus qu'à tout préparer pour mon dernier départ du village le lendemain matin...

Le Dimanche 18 juillet:

Le matin, je retrouve Pii-Benz chez ses parents dans la maison voisine, attendant certainement mon réveil pour me dire au revoir. Nous échangeons nos cadeaux (une belle boite de cookies pour elles et une mignonne petite tortue-tirelire pour moi!) puis elle m'amène à la gare routière en scooter. Seulement pas de chance, le bus climatisé est plein! Je pourrais attendre le suivant ou bien prendre un autre bus plus rustique et sans clim, mais elle décide alors gentiment de me conduire à Chaiyaphum avec le pick-up de l'école. Accompagnés de Kru Sayan, nous reprenons la route et déjeunons ensemble une fois arrivés à destination. Ils m'emmènent à la gare routière et s'assurent que tout est ok pour mon départ, puis le bus arrive et je finis par leur dire adieu... Voilà, je suis parti et à partir de ce moment le volontariat est définitivement terminé... Étrange sensation que de quitter cet endroit qui était devenu si familier, et de quitter les profs que j'avais appris à connaître... J'aurais en tout cas beaucoup apprécié cette expérience,  qui aura  été riche en enseignements aussi bien sur le plan culturel, que social et amical, et m'aura permis de plonger dans le quotidien d'un village thaï, de connaître ses habitants et de découvrir par la même occasion la réalité de l'enseignement au jour le jour... Bref, dans le bus pour Khorat, je n'ai rien à regretter de cette expérience! Mais une seconde, pourquoi Khorat? Pourquoi pas Bangkok? Et bien parce que Maechom, la dame qui s'était occupé de Simon deux ans auparavant et avec laquelle nous étions allé visiter Pha Hin Ngam et Khao Yai deux semaines avant, m'avait invité à revenir chez elle ce week-end. Je descends donc dans le district de Phra Tong Kham et Maechom vient me chercher à station de bus et m'emmène chez elle, où elle me présente un repas complet: « Kin yeu yeu »! Je ne suis pas seul, car Daddy est présent également, et de nombreux enfants (nièces et neveux) jouent dans le jardin. Ils connaissent d'ailleurs Simon et je leur suis présenté en tant que petit frère de « Pii-Saïmon ». Les frères et sœurs de Daddy débarquent, avec un ou deux professeurs, puis nous nous attablons à extérieur pour le dîner, arrosé d'un brin de whisky pour ne rien changer aux habitudes.

Le Lundi 19 juillet:

Pas le temps de faire une grasse mat', car je dois partir avec Maechom à 8h, pour le début des cours à l'école Kok Sawai. Pour la deuxième fois, je me rends dans l'ancienne école de Simon, mais cette fois-ci les élèves et les professeurs sont tous présents. Pendant que Maechom va voir sa classe, je discute avec quelques enseignants, notamment le prof d'anglais qui s'était occupé de Simon à l'époque, et avec le directeur qui est très « peace ». Je suis ensuite invité à rentrer dans les classes et je rencontre des élèves d'école primaire qui me saluent avec le bon vieux « Good morning teacher! ». Mais je ne peux pas rester plus longtemps, et Maechom me ramène à la gare routière pour que j'attrape un des nombreux bus pour Khorat. Après l'avoir remercié, je suis donc en route pour la plus grande ville d'Isan, puis je change pour un bus VIP en direction de Bangkok. Un saut en taxi et j'arrive enfin chez Simon et Ann, content de retrouver le confort de leur petit loft! Ces derniers jours auront été bien chargés en transport, et je n'ai que la soirée pour me reposer avant de quitter à nouveau la ville... Nous allons voir Inception dans le grand centre commercial Esplanade, puis mangeons un morceau au Suan Lum Night Bazaar avant de rentrer pour ma seule nuit à Bangkok avant un nouveau départ... Après plus de deux mois en Thaïlande, je quitterai en effet le pays le lendemain pour passer une semaine en Malaisie! Avec tous ces souvenirs en tête, et non sans regretter les élèves et les profs que j’ai cotoyé si longtemps, le sommeil a raison de moi, et mon premier séjour en Thailande est déjà terminé…

Publié dans Thaïlande

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
T
<br /> J'aime vraiment ton style!<br /> Ca m'a bien fait marrer l'histoire avec Chai qui voulait te caser avec une thaie :-).<br /> Etrange mariage entre l'americain et la thaie (au bout de quelques semaines!!!)<br /> Amuse toi bien encore ici ... moi mes jours sont comptés ... J-3...<br /> A bientot sur bangkok,<br /> Thomas<br /> <br /> <br />
Répondre
Z
<br /> Quel bourreau des coeurs, ce Biniou ! Quel succès auprès des jeunes et des moins jeunes thaïlandaises !<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> La fille d'Hua Hin ne m'avait pourtant jamais vu! Serait-ce ma voix suave qui l'a fait craquer au bout du fil?<br /> <br /> <br /> <br />
F
<br /> Vivement que j'arrive avant qu'ils arrivent à te caser avec une thaïlandaise !!<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Qu'ils essaient! Mais quand même vivement ton arrivée.<br /> <br /> <br /> <br />
M
<br /> Encore plein d'émotions, d'aventures et un au revoir teinté de nostalgie. Tu ne dis pas ce qu'ont pensé les profs de ton oeuvre d'art. En tout cas, moi je la trouve très réussie!<br /> Bisous et à très bientôt.<br /> Maman<br /> PS: envoie nous un petit texto à ton retour de Malaisie, on n'arrive pas à te joindre...<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Ils ont dû la voir après mon départ, mais je n'ai pas eu de retours! C'est mauvais signe? J'essaierai de penser au texto! On se verra sur skype chez titi peut-être?<br /> <br /> <br /> <br />
E
<br /> Juste à temps pour éviter les attentats : http://www.bbc.co.uk/news/world-asia-pacific-10756085<br /> <br /> <br />
Répondre
B
<br /> <br /> Moi qui recommençait à me sentir en sécurité à Bangkok... faudrait pas que ça recommence... et puis retour demain ça c'est un mauvais timing!<br /> <br /> <br /> <br />